Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/148

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courage, encore un pas… peut-être la récompense de tant de sacrifices n’est pas éloignée. »

Ainsi que toujours, ma résolution revint après un abattement passager.

Je me décidai à attendre les événements, à entretenir Emma dans son espérance, et à me garantir par tous les moyens possibles des pièges dangereux et des surprises de M. Lugarto.

Je fis coucher Blondeau dans ma chambre, je visitai les boiseries, et je me rassurai un peu en songeant que si cet homme avait voulu se servir de ces machinations, il ne m’aurait pas avertie. Il voulait sans doute me causer seulement des terreurs sans cesse renaissantes.

Je voyais très peu M. de Lancry.

Son air sombre, son humeur impatiente et aigrie, me prouvaient qu’Ursule ne tenait pas les promesses qu’elle lui avait faites sans doute, mais qu’elle avait l’art de ne pas le désespérer tout à fait pour le forcer à me garder toujours près de lui.

Sans lui faire part de la lettre de M. Lugarto, je lui montrai la cachette qu’on m’avait indiquée ; il haussa les épaules, et me fit cette in-