Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/157

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trouvée stupide… Elle n’avait plus l’ombre de cet esprit qui m’avait frappé au bal de l’Opéra ; elle balbutiait des phrases sans suite ; rien de plus morne, de plus terne que son entretien dès qu’il n’a plus été question de vous… Elle a voulu se lancer dans de grandes dissertations métaphysiques sur l’amour passionné, sur les charmes de la constance et de la vertu, ce qui était aussi révoltant que grotesque dans sa bouche. C’était en un mot, à hausser les épaules de dégoût et de pitié ; sans compter que, pour une femme dans sa position, rien n’était plus maladroit que ce ridicule étalage de belles maximes… Cela m’indigna, tandis qu’au contraire j’aurais pu peut-être, dans les funestes dispositions où je me trouvais, me laisser étourdir par les saillies d’un esprit cynique, paradoxal, insolent et railleur comme celui qu’on lui prête… J’étais dans un de ces accès de découragement amer où l’on doute de tout ce qui est généreux et grand, où l’on sent vaguement le besoin de fouler aux pieds ce qu’on a vénéré… Pourquoi ne vous le dirais-je pas maintenant ? le péril est passé…