Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/167

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exaltation n’ait amené un sentiment plus réfléchi, plus profond, vous vous résignerez à faire un voyage de quelque temps… Peut-être cela contrarie-t-il vos projets ; mais vous êtes trop des amis de madame de Richeville pour hésiter… Votre absence calmera la tête de notre pauvre Emma. Pendant ce temps-là je saisirai cette occasion de parler à madame de Richeville de ce jeune étranger ; s’il est aussi agréable qu’on le dit, s’il est présenté à Emma comme un homme qui peut devenir son mari, il y a tout lieu de croire qu’elle l’acceptera ainsi ; alors le sentiment qu’elle a pour vous reprendra son niveau, car je crois qu’il s’agit d’une amitié très vive que son imagination s’exagère un peu… Que pensez-vous de mon conseil ?

— Il me paraît plein de raison… Quoiqu’il m’en coûte beaucoup de le suivre, je le suivrai.

— Qu’avez-vous donc à regretter ici ?

— Tout et rien… Maintenant le moindre dérangement m’est pénible, et puis je trouve un charme mélancolique à habiter les lieux où je vous ai aimée. C’est avec un triste plaisir que je parle de vous avec nos amis, je l’a-