Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/169

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dont je vous ai parlé, il pourrait avoir lieu dans deux ou trois mois : alors vous nous revenez, et vos amis tâchent d’alléger un peu cette vie que vous trouvez si triste et si pesante.

— Ne l’est-elle pas en effet ? que me reste-t-il, quels sont mes liens ? quel est mon avenir maintenant ? Ah ! Mathilde… des parents, des amis, si chers qu’ils soient, ne remplaceront jamais un sentiment qui était toute ma vie ; ces succès dont j’étais si fier sont à cette heure pour moi sans attrait ; vous étiez au fond de toutes mes ambitions, de tous mes orgueils. — Et il ajouta en tâchant de sourire : — À cet égard, je suis comme ces pauvres femmes qui avaient l’habitude de se faire belles et d’être jolies pour leur amant… il n’est plus là ; elles se demandent à quoi bon la beauté, la parure !

— Jusqu’à ce qu’un nouvel amour leur donne encore l’envie d’être jolies et de se faire belles — lui dis-je en souriant.

Il secoua la tête et me dit :

— Vous savez bien que tout véritable amour est fini pour moi… Le reste est-il du bonheur ?… Et j’ai trente ans, et j’ai peut-être