Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/177

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M. Gérard m’ayant avertie qu’il y aurait du danger à prolonger davantage les angoisses de la fille de madame de Richeville, je suppliai M. de Rochegune de revenir à Paris : sa présence seule pouvait opérer une crise salutaire.

Il me répondit en ces termes :

« Je serai à Paris dans la nuit de demain… Ce que vous m’apprenez est affreux… Et je ne puis malheureusement pas réparer le mal que j’ai causé involontairement… Emma est un ange de bonté, de beauté, de candeur et de grâce… Elle mérite un cœur qui n’appartienne qu’à elle. Si je ne vous avais pas rencontrée dans ma vie, s’il m’était encore possible d’aimer… son amour eût été mon plus cher trésor… Mais l’épouser par pitié… est-ce digne d’elle ? est-ce digne de moi ? Tout mon espoir est que vous vous abusez peut-être sur le danger que court cette malheureuse enfant… En tout cas j’arrive… Et sa mère… notre meilleure amie !… Ah ! je ne sais quelle fatalité me poursuit !…

« R. »