Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meurt ! cette pensée ne peut-elle donc rien sur vous ?

— Et qu’ai-je fait, moi, pour éveiller, pour encourager cet amour ? est-ce ma faute si l’imagination de cette malheureuse enfant s’est exaltée sans raison ?

— Est-ce sa faute, à elle, si, vous voyant chaque jour, si, entendant chaque jour vos louanges, l’amour s’est peu à peu développé dans son cœur ? N’y a-t-il pas de la cruauté à afficher une indifférence… que vous ne ressentez pas… non… non, car l’amour d’Emma doit vous enorgueillir…

— J’en serais fier… oui… j’en serais fier, si j’en étais digne.

— Pourquoi en seriez-vous indigne ?

— Parce que je ne partage pas cet amour… parce que je ne pourrai le partager.

— Vous ne le partagez pas à cette heure… soit… mais qui vous répond de l’avenir ?… Songez donc à ce que vous me disiez avant votre départ, en me parlant de l’ennui, du dégoût qui vous accablaient !… cette triste disposition d’esprit ne peut qu’augmenter encore… Vous ne m’aimez plus, ou du moins je ne puis plus