Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/186

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ne serait-elle pas d’accord avec la voix de votre cœur si vous l’écoutiez ! Mon ami… vous êtes ému, je le vois… Ah ! soyez généreux ! qu’à nos tristes amours ne succède pas pour vous le remords éternel d’avoir causé la mort d’Emma… pour moi l’affreux regret d’avoir altéré peut-être la beauté de votre âme par les chagrins que je vous ai causés ! Oh ! non, non, loin de là ; faites au contraire que notre affection nous ait rendus meilleurs… moi j’aurai pardonné à celui qui m’a fait bien souffrir… vous, vous aurez fait oublier à cette malheureuse enfant tout ce qu’elle a souffert pour vous…

— Mais je serais fou, mais je serais coupable de me laisser aller à l’émotion que me causent vos paroles, Mathilde ! Un jour, vous vous repentiriez des maux que ma faiblesse aurait amenés !

— Non, non, mon ami, cédez… oh ! cédez à ce noble mouvement de cœur… Et un jour, serrant dans vos mains la main d’Emma… un jour, le sourire aux lèvres, la sérénité sur le front et la joie au cœur… vous me direz : Mathilde, votre langage a été celui d’une amie,