Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/208

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continuelle de chagrins en occasionnant une lutte douloureuse entre ses principes, qui lui feraient accuser sa mère, et sa tendresse, qui la lui ferait défendre.

« Si la fatalité veut qu’elle apprenne un jour ce secret, ce sera un grand malheur, je le sais, mais à quoi bon le devancer ?

« Nous resterons à Rochegune jusqu’au mois de février ou de mars ; Emma le désire. Je ne vous dis pas nos regrets en songeant que nous ne nous verrons pas ; vous savez, hélas ! de qui viennent les obstacles.

« Je me console en pensant que vous êtes heureuse. Je vous connais : la pauvreté vous est de peu ; vous êtes même capable d’y trouver des charmes, pour n’avoir pas à la reprocher à votre mari.

« Puisque je vous écris, je dois tout vous dire. Lorsque j’ai prononcé le mot qui m’unissait pour toujours à Emma, j’ai ressenti un mouvement de poignante amertume. Ce mariage était le dernier pas que je devais faire pour être irrévocablement séparé de vous ; jusqu’alors, quoique je n’eusse conservé aucun espoir, quoique vous ne vous