Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/210

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vous cette affection douce et calme d’autrefois : peut-être même plus calme encore, car malgré moi je pressentais vaguement dans l’avenir les agitations de l’amour passionné.

« Maintenant ces folles ardeurs sont des cendres à jamais refroidies.

« Adieu et merci encore, Mathilde ; sans vous non-seulement j’aurais causé la mort de cette enfant que j’aime si tendrement à cette heure, mais je traînerais une vie misérable, stérile, et peut-être dégradée : car je ne pense jamais sans effroi qu’il y a eu un moment où j’ai regretté de ne pas trouver à votre infernale cousine son audace et son cynisme habituels.

« Si elle m’était apparue ainsi que je la souhaitais, égaré par mon désespoir, qui m’aurait fait subir son charme fatal, je me serais peut-être accouplé à cette âme perdue ; peut être j’aurais, comme elle, employé au mal l’énergie et les facultés que Dieu avait mises en moi à d’autres fins.

« Vous le savez, plus on s’éloigne du péril, plus on le considère de sang-froid, plus on