Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/23

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Elle me regarda avec une expression de candeur et de céleste ravissement.

Je sentis son cœur battre plus vite qu’il n’avait encore battu, et elle me dit avec une sorte de joie à la fois étonnée, reconnaissante, et passionnée :

— Oui… oui… c’est vrai… Oh ! mon Dieu !… c’est vrai !

— Et votre malheur ! votre malheur !! n’a-t-il pas commencé peu de temps après mon arrivée… à moi ?

Hélas ! le désespoir donna sans doute à mes paroles, à ma physionomie, un accent de reproche à la fois effrayant et cruel ; car Emma, se levant à demi, se précipita dans mes bras en fondant en larmes, et cacha sa tête dans mon sein en s’écriant d’une voix déchirante :

— Pardon !… pardon !…

Puis, après m’avoir étreinte avec une force convulsive, je la sentis défaillir…

Épouvantée, je la replaçai sur son oreiller et je courus prendre un flacon.

Elle était d’une pâleur mortelle, ses joues livides… ses mains froides comme du marbre.

Les sels que je lui fis respirer ne la ranimè-