Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/24

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rent pas ; je mis ma main sur son cœur, il ne battait plus.

J’approchai ma joue de ses lèvres entr’ouvertes… je ne sentis pas un souffle…

Je crus l’avoir tuée.

Ce fut un moment horrible ; je tombai à genoux en m’écriant :

— Pardon ! pardon ! mon Dieu ! rappelez-la à la vie ; je fais vœu de me sacrifier pour elle, d’employer tout ce qui me restera de forces à travailler à son bonheur, comme si elle était ma sœur… ma fille… Seigneur, je vous le jure… je me sacrifierai… dût-il m’en coûter la vie ! mais faites que je ne l’aie pas tuée… Mon Dieu !… faites que je ne l’aie pas tuée !…

Après quelques minutes d’effrayantes angoisses pendant lesquelles, penchée sur Emma, j’épiais son moindre souffle, son moindre mouvement, Dieu m’exauça…

Elle soupira légèrement… la circulation du sang, un moment suspendue, reprit son cours. De livides, ses joues redevinrent pâles… Elle vivait… Dieu avait entendu mon serment…

Je devais me dévouer… tout était consommé, tout était fini pour moi… tout…