Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/232

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j’aurais eu besoin de nobles exemples… de sévères enseignements. Peut-être mes fautes… sont-elles dues à ma funeste éducation… car, je le sens, j’aurais pu être meilleure que je ne J’ai été — dit-elle en me jetant un triste regard d’intelligence… Puis elle reprit :

— Ah ! si j’avais pu vivre… ce n’est pas par un vain repentir que j’aurais réparé le mal que j’ai fait… mais il est trop tard… trop tard… Cela est vrai… Madame… Dieu a voulu qu’une mort criminelle terminât une vie coupable… personne ne priera pour moi… excepté les deux êtres que j’ai le plus outragés au monde…

Les traits de madame Sécherin semblèrent perdre un peu de leur impassible dureté…

Au lieu de jeter sur Ursule des regards courroucés, elle la contempla pendant quelques instants avec une sombre attention… peut-être émue malgré elle à l’aspect de cette malheureuse femme qu’elle avait laissée dans toute la fleur de la jeunesse et de la beauté, dans toute la fougue de son caractère altier, audacieux, et qu’elle retrouvait luttant contre une si terrible agonie.