Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/233

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Ursule ne put supporter le regard fixe et pénétrant de sa belle-mère toujours debout et muette à son chevet. Elle prit la main de son mari, qui pouvait à peine étouffer ses sanglots, et lui dit d’une voix de plus en plus affaiblie :

— Ma vie et mes fautes ont causé quelquefois… un refroidissement passager entre votre mère et vous… mon ami ; c’est mon plus douloureux remords… Faites… oh ! je vous en supplie… que je sois au moins délivrée de celui-là… je m’en irai moins malheureuse si je vous sais une consolation que jusqu’ici vous avez pu méconnaître… Alors vous voyant redevenu bon et tendre fils comme vous l’étiez, comme vous l’auriez toujours été sans moi, peut-être votre mère ressentira-t-elle un peu de pitié… en pensant à moi, qu’elle n’a pas cru devoir pardonner… à moi qui aurais vu mon heure dernière avec moins d’épouvante… si ses mains vénérables m’eussent bénie !… Mon ami… en ce moment solennel… faites-moi cette promesse sacrée… je vous en supplie…

— Oh ! je le jure… je le jure… — dit M. Sécherin éperdu de douleur.