Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/248

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peut-être, elle se rit de moi avec un rival heureux et riche… à cette heure, au sein du luxe et des plaisirs… elle se moque du niais qui, pour elle, s’est réduit à la misère… — Ursule est morte !! je suis donc enfin délivré d’une préoccupation incessante, odieuse, implacable comme un défi jeté à ma destinée… Oui, car j’aimais cette femme comme j’aimais le jeu !! oui, comme le jeu…… elle était pour moi une source inépuisable d’émotions poignantes, désordonnées : la crainte, la rage, la haine, l’espoir l’orgueil, l’extase du triomphe après des journées d’attente et d’espoir cent fois trompées… C’était comme le jeu… vous dis-je !… Ainsi qu’on risque des monceaux d’or sur une carte, je risquais des sommes immenses sur un de ses sourires ! et comme au jeu… jamais les rares joies du gain ne compensaient pour moi les angoisses, les fureurs de la perte !! Ursule est morte !! je suis donc libre, enfin ! sans paraître stupide à mes propres yeux, je pourrai regretter un jour, non ses qualités, mais ses infernales séductions ! Ursule est morte… bien morte ! Depuis longues années je n’ai éprouvé un pareil épanouissement de