Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/247

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tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté… Ah ! moi aussi je suis bien vengé !…

— Ce que vous dites-là est horrible… Elle ne m’a jamais fait que du mal à moi… et je l’ai pleurée…

— Vous l’avez pleurée !… Cela fait honneur à votre sensibilité, Madame, et prouve de reste que les chagrins que vous affectiez, à propos de mon infidélité, étaient exagérés…

— Ah ! Monsieur…

— Mais moi qui sais ce que cette femme infernale m’a fait souffrir… mais moi qui n’ai pas votre générosité… je dis : — Ursule est morte… tant mieux !! je suis débarrassé de mon mauvais génie… elle ne sera plus à moi… mais elle ne sera plus à personne ! Je n’aurai plus à endurer les atroces contraintes d’une jalousie que je n’osais pas même exprimer… tant cette femme m’imposait… tant je redoutais l’amertume de ses sarcasmes !… Je ne serai plus tourmenté de cette idée fixe, brûlante, douloureuse… où est-elle ? que fait-elle ? je n’aurai plus de ces accès de désespoir frénétique qui me transportaient lorsque depuis ma ruine je me disais : — À cette heure,