Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/301

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être. J’ai fait à son cœur une blessure incurable. »

Madame de Richeville me disait à son tour :

« Emma fait tout au monde pour me convaincre qu’elle ne me méprise pas : mais son caractère est trop élevé, l’influence de l’éducation est trop ineffaçable pour que, malgré sa tendresse, malgré son aveugle affection pour moi, elle ne se rappelle pas quelquefois le jugement inexorable… mais juste qu’elle a porté sur ma conduite… pour qu’elle oublie avec quelle indignation l’abbé Dampierre n’a que trop justement, hélas ! flétri mes pareilles. »

Tous mes raisonnements étaient impuissants à rassurer ces deux infortunées, d’une susceptibilité d’autant plus vive que leur délicatesse était extrême.

Quelle contrainte, quelle défiance, quelle tristesse, quelle froideur involontaire de telles arrière-pensées ne devaient-elles pas jeter dans leurs relations jusque-là si douces et si tendres !

Que de fois les regrets poignants et silencieux de l’une ou de l’autre de ces deux vic-