Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/311

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résignée. Elle acceptait cette perte affreuse comme une punition méritée. Elle me dit avec un sang-froid plus effrayant que les convulsions de la douleur : « Dieu est juste ; il me frappe dans mon enfant, la preuve vivante de mon crime. »

Madame de Richeville était d’une pâleur de marbre. Par un de ces phénomènes si peu rares dans les grandes douleurs, ses cheveux étaient devenus gris en un mois. Elle fit ses dernières dispositions pour se retirer au Sacré-Cœur et y vivre dans la pénitence jusqu’à la fin de ses jours. Elle ne voulait voir absolument que moi et la princesse d’Héricourt.

M. de Rochegune était parti peu de temps après la mort d’Emma, on ne savait pas où il était allé.

Madame de Richeville continuait d’attribuer la perte de sa fille à l’effroyable secousse que lui avait fait éprouver la découverte du secret de sa naissance ; depuis cette époque, elle avait changé beaucoup — me dit-elle. — Sa santé, fortement ébranlée, s’était pourtant améliorée malgré un état de langueur, lorsque environ un mois avant sa mort elle avait