Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/323

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saura que je me suis vaillamment sacrifiée au bonheur de ceux que j’aimais… Quel que soit le sort qui m’attende, au moins je serai sincèrement jugée par mes amis.

Sans les sinistres pressentiments que me cause la menace de l’arrivée de M. de Lancry, je me trouverais presque heureuse d’avoir eu la force d’achever ces pages.

Ce long coup-d’œil sur le passé m’a calmée, m’a donné, sinon de l’orgueil, du moins de la confiance dans mon caractère et dans mon énergie.

Je me suis rendu compte de mes luttes, de mes souffrances ; je ne me suis pas dissimulé ce que j’ai fait de mal, je ne me suis pas exagéré ce que j’ai fait de bien.

Cette analyse sévère, ce jugement impartial de ma vie ont réveillé en moi de bien navrants souvenirs, mais ils m’ont laissé une conscience d’une sérénité profonde. Ce sera ma seule consolation ; ce sera mon unique refuge si de nouveaux malheurs viennent m’accabler.

Telle a été ma vie jusqu’ici.

On voit que les détestables prévisions de