Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le Vampire par les frères Godet, n’avait pas encore passé le seuil de sa porte, du moins pendant le jour.

De temps à autre la figure rébarbative de Stolk apparaissait à la petite porte de service. Toutes les fenêtres de l’hôtel restaient continuellement fermées. Madame Lebœuf, les frères Godet et les autres habitués du café avaient fini par conclure une trêve avec ce qu’ils appelaient l’ennemi commun, c’est-à-dire, qu’ils avaient renoncé à leur système d’espionnage ; sacrifice d’autant plus méritoire qu’aucun fait nouveau ne s’était passé depuis la visite de madame Blondeau à M. de Rochegune. Chaque matin les frères Godet venaient ponctuellement prendre leur tasse de café et augmenter le respectable cercle qui entourait le comptoir d’acajou de madame Lebœuf. Le 15 mai 1839, par une assez belle matinée de printemps, les deux frères, contre leur coutume méthodique, arrivèrent au café Lebœuf deux heures plus tard qu’à l’ordinaire ; ce grave dérangement dans leurs habitudes était causé par une gracieuse invitation de madame Lebœuf, qui depuis quelques jours les avait conviés à une