Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/327

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sorte de déjeuner dînatoire que de temps à autre elle offrait politiquement à ses plus fidèles commensaux.

Préparés à cette solennité gastronomique par une longue promenade au Jardin-des-Plantes, les frères Godet arrivaient au café Lebœuf disposés à faire largement honneur à la réfection de leur hôtesse. À quelques pas de l’établissement, M. Godet l’aîné s’arrêta, mit son parapluie sous son bras, souleva son chapeau, essuya son front, et de sa puissante voix de basse-taille il dit à son frère d’un air sentencieux :

— Je ne vous le cacherai pas, Dieudonné, le grand air, cette promenade, ce beau temps, la vue de la nature des quatre parties du monde que nous venons de contempler au Jardin-des-Plantes, y compris leurs animaux depuis les volatiles jusqu’aux reptiles les plus venimeux… tout cela m’a donné une faim canine.

— Cela ne m’étonne pas, mon frère — dit timidement M. Godet cadet. — Nous nous sommes levés de bonne heure, et, comme dit la romance : Quand on fut toujours vertueux on aime à voir lever l’aurore.