Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/330

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Godet l’aîné, se sentant sur son terrain, au lieu de répondre à cet intrus lui dit :

— Où est la chère madame Lebœuf ?

— Qui ça, madame Lebœuf ?

— C’est un véritable sauvage — dit tout bas Godet l’ainé à Dieudonné, et, sans répondre un mot de plus, il se dirigea vers l’arrière-boutique, où devait être servi le déjeuner.

Le substitut de Botard saisit rudement le paisible rentier par le bras et lui dit :

— Où allez-vous donc par là ?… on n’entre pas.

M. Godet l’aîné devint cramoisi ; mais contenant sa colère, il dit d’un ton de majestueuse commisération :

— Mon bon ami… vous jouez gros jeu… fort gros jeu… au moins… mais vous êtes nouveau ici, vous avez droit à notre indulgence… vous ne savez pas que je n’ai qu’un mot à dire à madame Lebœuf pour…

— Eh ! mille tonnerres ! il n’y a pas de madame ni de Lebœuf qui tienne ; asseyez-vous là, on vous servira ce qu’on aura, mais vous n’entrerez pas là-dedans.

M. Godet l’aîné eut encore la force de con-