Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/331

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tenir son indignation, et d’une voix qu’il tâchait de rendre calme :

— Une dernière fois, je vous déclare que je suis un des membres du déjeuner qu’on prépare là-dedans ; et je vous somme, oui, je vous somme hautement… d’aller tout de suite chercher votre maîtresse…

— Tenez, mon brave homme… si vous n’étiez pas un homme d’âge, ce serait à vous cribler de coups de pied dans le ventre — dit le brutal personnage ; et il tourna le dos à M. Godet l’aîné.

Celui-ci, malgré les supplications de son frère, ne put s’empêcher de s’écrier :

— Il m’en coûte, il me peine de descendre jusqu’à me commettre avec un mercenaire ; mais je ne puis résister au besoin de vous déclarer que vous êtes un fier drôle !… que vous devez être le roi des drôles !

Le garçon se retourna vivement et fit un geste si menaçant, que les deux Godet rompirent simultanément d’une semelle ; mais ils gardèrent toutefois une attitude défensive, en présentant leur parapluie à leur adversaire comme on croise la baïonnette.