Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/362

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pour vous que j’étais méchante autrefois ! Mais aussi vous n’abandonnerez pas votre pauvre vieille tante à ses bourreaux, n’est-ce pas ? Si je pouvais me mettre à genoux, Mathilde, je m’y mettrais… pour vous implorer… Tout ce que vous voudrez, je le ferai… je vous le jure… Mais ne me laissez pas seule, vous ne savez pas à quelle horrible vie je suis condamnée.

Malgré son effroi, Mathilde ne put s’empêcher d’être frappée des paroles et de l’accent désespéré de mademoiselle de Maran.

— Madame — répondit-elle précipitamment — les moments sont précieux. Je viens vous demander ce que vous me demandez vous-même, de ne pas vous quitter… Vous êtes ma plus proche parente. On ne me refusera peut-être pas la permission de rester auprès de vous.

— C’est-il bien vrai, mon Dieu ! — s’écria mademoiselle de Maran au comble de la joie et de l’étonnement. — Vous me demandez de rester auprès de moi ?

— Oui… oui… Madame… tout plutôt que de… Ah ! c’est horrible ! — dit la malheureuse femme avec angoisse.