Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/363

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Puis elle reprit :

— Mais il a les lois et la force pour lui…. Oh ! je me tuerai plutôt… oui, je me tuerai plutôt que de le suivre !…

— Non, non, ne le suivez pas, restez avec moi… Mathilde… Ma fortune… toute ma fortune vous appartient depuis longtemps… Je vous la destinais… oh ! bien vrai… bien vrai… Mais je vous la donnerai tout entière de mon vivant, je ne garderai rien pour moi, rien… si vous consentez à ne pas me quitter.

L’effrayante préoccupation de Mathilde était si grande qu’elle ne se choqua pas de la proposition de mademoiselle de Maran ; elle ne songeait qu’à échapper à son mari.

— Mais… il peut me forcer à le suivre… comme il l’a déjà fait — s’écria-t-elle.

— Non, non, non, il ne le pourra pas ; nous aurons des avocats, voyez-vous, les meilleurs, les meilleurs : rien ne nous coûtera… Nous plaiderons. Rien ne nous coûtera, rien… pour garder auprès de moi ma nièce… mon enfant chéri… car enfin vous êtes presque mon enfant, vous êtes la fille de mon frère, de mon bon frère que j’ai tant aimé.