Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/364

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— Mais dans une heure, Madame, dans une heure peut-être mon mari sera ici… Avant-hier il est venu à Maran… me chercher… j’ai refusé de le suivre : il a été trouver le maire, et alors j’ai été forcée d’accompagner M. de Lancry. En arrivant ici, à l’hôtel Meurice, avec Blondeau qu’il m’avait permis d’emmener, il m’a dit de l’attendre, que nous ne resterions que douze heures à Paris, le temps nécessaire pour mettre nos passe-ports en règle et obtenir les pouvoirs que la loi lui accorde ; il veut avoir entre ses mains les moyens de me contraindre, dans le bas où je voudrais encore lui résister.

— Eh bien ! mon enfant, il faut vous cacher ici ; il ne saura pas que vous y êtes venue.

— Tous mes pas sont surveillés, Madame ; il m’a prévenue que je ne pourrais pas lui échapper, qu’il saurait me retrouver. Pourtant, dès qu’il a été parti j’ai couru chez madame de Richeville ; elle m’a conseillé de venir ici, de ne céder qu’à la force, et, quand les magistrats viendront, de les supplier de me laisser auprès de vous, ma plus proche parente, jusqu’à ce que j’aie prouvé l’infamie de la conduite de M. de Lancry envers moi.