Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais… vous avez le teint d’un éclat, d’une fraîcheur adorable.

— Ta, ta, ta ! — s’écria mademoiselle de Maran — votre maire de village était un imbécile… un âne… voyez donc la belle autorité que celle de ce municipal en sabots ! À Paris, ça ne se passera pas ainsi ; nous aurons de bons avocats, de bons juges, ils nous obtiendront une bonne séparation, et vous nous laisserez tranquilles.

— Vous croyez, ma belle tante…

— Certainement ; est-ce qu’il est possible d’abandonner une malheureuse jeune femme aux mains d’un… allons donc… il faudrait qu’il n’y eût pas de justice sur la terre.

— Dame ! ça s’est vu — reprit doucement M. de Lancry — tout n’est pas roses dans ce monde ; j’ai justement là dans ma poche, ma belle tante, de quoi vous contredire… Par sa fugue de ce matin, mon adorée m’a servi comme à souhait… Je l’avais prévu… En passant à Paris pour aller à Maran, j’avais eu une entrevue avec M. le préfet de police ; oui, ma belle chérie, une fois ici, vous avez été immédiatement suivie, non-seulement par les