lorsque Lugarto tenta de sortir de sa cachette : lassé d’attendre en vain que Gontran vînt le délivrer, il cria ; ses cris furent inutiles, il était seul dans cette maison. Le lendemain le courrier revint, frappa à la porte ; on ne lui répondit pas. Déjà inquiet de n’avoir pas vu venir la voiture se remiser à Chantilly, il retourna à Paris, où il apprit la mort de M. de Lancry. Quant à M. Lugarto, sa vie était depuis quelque temps si mystérieuse que sa disparition parut fort naturelle à tous les gens qu’il employait.
L’on ne peut guère s’étonner de l’horrible mal qu’avait fait cet homme en songeant aux immenses ressources qu’il trouvait soit dans la corruption, soit dans l’espèce de police occulte dont il entourait ceux qu’il haïssait. Pour cet homme infâme, saturé de plaisirs, blasé sur tout, le mal était un besoin et une volupté ; beaucoup d’argent, quelques séjours mystérieux à Paris, son adresse à contrefaire les écritures, lui permirent de frapper mortellement ou d’une manière incurable M. de Mortagne, Emma, madame de Richeville, M. de Rochegune et Mathilde.