Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/105

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seuses elle effeuillait un bouquet de roses que lui présentait un groupe d’adorables enfants.

Un petit trépied de vermeil d’un travail exquis, placé auprès de ce socle, pouvait à la fois servir de lampe et de cassolette à parfums.

Si les autres objets qui meublaient la galerie n’offraient pas cette bizarre alliance des sujets les plus funèbres et des idées les plus riantes, ils n’en étaient pas moins singuliers et remarquables, les uns par leur rareté, les autres par les incroyables mutilations qu’ils avaient subies.

Un tableau, placé dans une des zones de la galerie où n’arrivait qu’un demi-jour, représentait une femme d’une beauté rare ; à la fraîcheur du coloris, à la transparence voilée du clair-obscur, à la grâce divine du dessin, à la suavité de la touche, on reconnaissait la main inimitable de Léonard de Vinci… Mais, hélas ! au lieu de ce regard fluide, transparent, auquel le peintre avait sans doute donné la vie, les yeux, barbarement, outrageusement crevés, dardaient deux lames de stylets, fines, aiguës, étincelantes.

Était-ce une triste et sauvage raillerie de ce vieux dicton mythologique : Les yeux de la beauté lancent des traits mortels.

On ne pouvait voir sans indignation cet outrage à l’un des chefs-d’œuvre de l’art, et pourtant, un peu plus loin, on admirait une sorte de petit monument de marbre blanc aux ornements empruntés aux mythologies païenne et chrétienne.