Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/110

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clartés argentines de la lune, lorsqu’au milieu d’une tiède nuit d’été elles se jouent dans la pénombre des grands bois qui semblent frissonner amoureusement aux solitaires accents du rossignol ;

Tout ce qu’il y a de bonheur, de joie candide, d’espérance ingénue dans le doux refrain d’une jeune fille de seize ans qui chante, parce qu’elle se sent heureuse en regardant sa mère et en voyant le soleil dorer la cime des arbres au moment où les fleurs redressent leur calice embaumé ;

Tout ce qu’il y a enfin de doux, de grave, d’élevé dans la contemplation où nous plonge souvent l’incommensurable scintillation des astres qui décrivent leurs cours dans l’immensité ;

Oui, à peine cette évocation de riantes poésies donnerait-elle une idée de la mélodie pleine de grâce et de sérénité qui, à d’assez longs intervalles, revenait se dessiner, pour ainsi dire, rose, lumineuse et sereine, sur la couleur sombre du morceau que jouait le prince…

Quant à ce morceau que l’on pourrait considérer comme l’expression constante du caractère d’Arnold de Hansfeld, c’était l’idéalisation de la rêverie allemande, ou la douce fantaisie de Mignon, non celle qui fait éclore de gracieux mirages, mais celle qui, dans sa noire tristesse, évoque le pâle fantôme de Lénore.

La tristesse d’Arnold était caractéristique en cela qu’elle était résignée, mais non pas amère et irritée.