Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/114

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graveur ne l’avait pas revue ; mais, prévenu de son arrivée, il l’attendait le dimanche matin, car les différentes scènes que nous venons de raconter s’étaient passées dans la nuit du samedi.

Pierre Raimond, tout heureux de cette visite, tâchait, selon sa coutume, de donner un air de fête à son pauvre logis, composé d’une petite cuisine et de deux chambres situées au quatrième étage.

Des fenêtres on dominait le quai, la Seine ; à l’horizon s’élevaient les massifs d’arbres du Jardin-des-Plantes, et plus loin encore le dôme du Panthéon.

La chambre autrefois occupée par Berthe était pour le graveur l’objet d’une sorte de culte. Rien n’y avait été changé ; on y voyait encore le petit lit de bois peint en gris, les rideaux de coton blancs, l’antique commode de noyer qui avait appartenu à madame Raimond, un vieux et mauvais piano en merisier où Berthe avait étudié et appris son art ; enfin, sous verre et renfermées dans un cadre, les couronnes que la jeune fille avait remportées au Conservatoire.

Pierre Raimond avait soixante-dix ans ; sa grande taille était courbée par l’âge ; son crâne chauve, sa barbe blanche, qu’il ne rasait plus depuis plusieurs années, ajoutaient encore à l’austérité de ses traits ; ses paupières toujours à demi baissées témoignaient du mauvais état de sa vue affaiblie par l’excès du travail ; cette infirmité,