Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/115

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jointe à un léger tremblement nerveux, suite d’une longue maladie, l’avait obligé de renoncer à la gravure de la musique, et à accepter, malgré sa répugnance, une pension de douze cents francs de M. de Brévannes.

La chambre de Pierre Raimond, qui lui servait autrefois d’atelier, était d’une scrupuleuse propreté. Au-dessus de la fenêtre on voyait son établi de graveur, ses burins depuis longtemps abandonnés, et quelques planches préparées pour la gravure de la musique ; une couchette de fer, une table, quatre chaises de noyer, composaient cet ameublement d’une simplicité stoïque.

Un vieux sabre d’honneur, gagné par Pierre Raimond, ancien volontaire des armées de la république, ornait son alcôve. Au-dessous de ce sabre était encadré un exemplaire de ce fameux appel fait par la Convention au peuple lors de l’assassinat des envoyés français :

Le neuf floréal de l’an sept,
À neuf heures du soir,
Le gouvernement autrichien a fait assassiner les ministres
de la république française : Bonnier, Roberjot et Jean Debry, chargés par le Directoire exécutif de négocier la paix de Rastadt.
LEUR SANG FUME… IL DEMANDE… IL OBTIENDRA VENGEANCE !

Pierre Raimond conservait religieusement ce curieux spécimen de la farouche éloquence de cette époque sanglante, terrible, mais non pas