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Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/133

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il ne put s’empêcher de dire tout bas au Girard :

— Quelle diable de coiffure a donc choisie votre femme, elle qui se met toujours si bien ?

Le pauvre mari donna un coup de coude à M. de Brévannes d’un air effaré, en lui disant tout bas :

— Chut !…

Pendant ce temps-là, madame Girard, se penchant hors de sa loge, regardait de tous côtés avec une expression d’impatience.

— Alphonsine — lui dit tendrement M. Girard — est-ce que tu cherches quelqu’un ?

— Sans doute — reprit Alphonsine d’un petit air agaçant, malicieux et triomphant — je cherche la marquise de Luceval, elle va être joliment furieuse…

— Pourquoi donc cela, madame ?… — demanda Berthe, qui ne savait quelle contenance garder.

— Il s’agit d’un excellent tour — reprit madame Girard — que j’ai joué à la marquise ; vous savez combien elle tient à avoir la primeur des modes, et à ce qu’on ne porte rien qu’après elle. Je vais, il y a deux jours, chez Barenne, notre marchande de modes à la marquise et à moi, et je lui demande, comme toujours, si la marquise n’avait rien commandé pour ce soir, tout Paris devant être aux Français. Après des difficultés sans nombre je lui arrache le grand secret. La marquise de Luceval s’était commandé une coiffure ravissante, originale, mais qui ne pouvait aller qu’à elle… — Aller qu’à elle ! — dit madame Girard en piaffant