Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/139

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rapport a donc votre pari avec cet adorable toquet ?

— Rien de plus simple, — dit madame de Luceval ; — je ne pouvais avoir une coiffure sans me voir à l’instant imitée, ou plutôt parodiée par cette madame Girard. Cela m’impatientait tellement que j’ai parié avec Alfred que j’imaginerais la coiffure la plus ridicule du monde, que mademoiselle Barenne la montrerait en secret à madame Girard, comme m’étant destinée, et que madame Girard la supplierait de lui en faire une toute semblable… J’ai inventé le sobieska. Mademoiselle Barenne s’est mise à l’œuvre. Vous voyez madame Girard ornée du sobieska ; j’ai gagné mon pari, et mon cher frère me doit une garniture de fleurs naturelles.

— Le tour est parfait ; et comme la pièce ne commence pas encore, — dit M. de Beaulieu, — je vais aller répandre cette malice pour doubler l’effet du sobieska de madame Girard.

— Mais savez-vous, — reprit madame de Luceval, — qu’il y a une charmante personne dans la loge de cette ridicule Girard ? Alfred, tâchez donc de savoir qui elle est.

— En effet, — dit madame de Beaulieu en regardant attentivement Berthe, — elle est on ne peut plus jolie… et mise si simplement… Voilà qui contraste avec le sobieska ; … je ne puis concevoir qu’on n’aime pas la simplicité, et par conséquent le bon goût. C’est si commode, et il faut