Aller au contenu

Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toujours se donner tant de peine pour se rendre ridicule…

— Est-ce que vous dites cela à propos de M. de Gercourt et de sa comédie, ma chère Alix ?

— Méchante !… un de vos amis, un de vos anciens adorateurs.

— Il lui était si facile de ne pas faire cette comédie.

— Mais attendez au moins… pour la juger…

— Pas du tout, je serais influencée. Maintenant mon jugement est bien plus indépendant…

— Folle que vous êtes !… et vous avez encouragé M. de Gercourt dans cette tentative…

— Il est si bon d’avoir à consoler ses amis dans leur infortune !

— Vous êtes un peu comme ces gens qui, au risque de vous noyer, vous jettent à l’eau pour avoir le plaisir de vous sauver…

— Votre comparaison n’est pas juste, ma chère Alix ; car je ne pourrais pas sauver la comédie de ce pauvre M. de Gercourt.

— Émilie, Émilie, prenez garde, — dit en souriant madame de Beaulieu. — M. de Gercourt vous a longtemps admirée… Vous feriez croire qu’il y a chez vous du dépit et…

— Mais, sans doute, je lui en veux de ce qu’il a renoncé trop tôt à l’espoir de me plaire. Ses soins m’amusaient ; voyez comme je suis franche.

— Oh ! l’infernale coquette ! elle ne pardonne pas même qu’on renonce à elle… Il faut que sa victime reste là pour souffrir.