Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/182

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et se dirigea justement de mon côté : c’était une jeune fille, noire comme un diable, comme qui dirait une mulâtresse, avec des yeux bleu-clair. Je n’ai jamais vu une figure pareille ; j’ai laissé passer la moricaude, j’ai payé mon fiacre, et j’ai suivi…

— Eh bien !

— Elle a pris la rue Poultier, le quai d’Orléans, le pont, elle a fait enfin le tour de l’île, et est rentrée par la petite porte en question. C’était une simple promenade.

— Lui avez-vous parlé ?

— Peste ! comme vous y allez, monsieur Charles ; vous savez que mon fort, c’est la prudence… Jusqu’au moment où j’ai vu la moricaude rentrer par la petite porte, rien ne me disait qu’elle fût de la maison de la princesse… Voilà pour le premier jour. Ça n’a l’air de rien, mais je savais déjà qui demander en me présentant à l’hôtel.

— Soit. Mais ensuite !

— Le lendemain, j’ai pris mon carton avec mes échantillons de dentelles et de guipures. Quelle bonne idée que ce carton, monsieur Charles ! nous a-t-il servi ! mon Dieu… nous a-t-il servi !…

— Au fait… au fait…

— Cette fois-là, j’arrive bravement à la grand’porte ; je frappe, on m’ouvre. Vous me croirez, si vous voulez, monsieur Charles, je ne suis pas poltronne ; eh bien ! je n’ai pu m’empêcher de sentir un tic-tac en entrant là-dedans.

— Pourquoi cela ?