Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/183

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— La cour est petite, dallée et entourée de grands bâtiments sombres. C’est triste comme un cloître. Le soleil ne doit jamais venir là-dedans, c’est sûr. Au fond de la cour, il y a comme un péristyle énorme et si profond qu’il faisait noir ; on y voyait pourtant, à cause de sa blancheur, la balustre en pierre d’un immense escalier en fer à cheval qui montait en dehors jusqu’au premier étage ; le péristyle allait jusqu’au fond.

— Mais c’est un palais.

— Oui, mais si triste, si triste, que j’aimerais autant habiter un tombeau que de vivre là-dedans. Un vieux portier borgne, qui m’avait ouvert, m’examinait comme s’il avait voulu me manger en me barrant le passage. — Que voulez-vous ? me dit-il. — C’est bien ici l’hôtel Lambert ? — Oui. — Habité par madame la princesse de Hansfeld ? — Oui. — Eh bien ! je viens lui apporter des dentelles choisies hier par une jeune dame très brune qui est venue à mon magasin sur les quatre heures. Comme la mulâtresse était sortie la veille à cette heure-là, mon conte parut vraisemblable ; le cerbère me laissa passer. Je n’avais pas fait quatre pas que j’entendis siffler derrière moi, ni plus ni moins que dans une caverne de brigands. C’était le concierge qui annonçait.

— En effet, on m’a dit qu’il y avait encore quelques maisons du Marais où l’on sifflait de la sorte.

— C’est un drôle d’usage toujours ; moi qui ne