Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/220

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instinct ai-je été amené à croire que ces lettres m’étaient écrites par vous ? Je l’ignore… Sans doute la présence de l’être aimé se manifeste en tout et partout, même malgré le mystère qui semble le plus impénétrable. Si l’on distingue entre mille voix… une voix adorée, pourquoi ne reconnaîtrait-on pas de même l’esprit, la pensée de la femme que l’on chérit ? Si je ne me suis pas trompé… ce phénomène s’expliquerait plus encore par la sincérité que par la sagacité de mon amour. Alors… je vous en supplie, ne me refusez pas la seule consolation qui me reste… j’allais presque dire qui nous reste. Songez à tout le bonheur que nous pouvons encore espérer de cette correspondance… et puis quelle confiance absolue, aveugle, doit nous donner l’un pour l’autre mon étrange découverte ! Ne prouverait-elle pas autant en faveur de votre amour que du mien ? Vous ne m’avez pas écrit un mot qui pût vous déceler, et pourtant je vous ai reconnue… Oh ! de grâce, répondez-moi ! Oui, nous pouvons être encore bien heureux, malgré la barrière infranchissable qui nous sépare. Croyant n’être pas aimé de vous, je vous fuyais obstinément, dans la crainte d’augmenter encore les chagrins d’une passion déjà si malheureuse ; mais si vous la partagiez… pourquoi me refuseriez-vous le bonheur de vous rencontrer souvent… tout en restant, aux yeux du monde, étrangers l’un à l’autre ? J’ai juré… non de ne plus vous aimer, cela m’était impossible ; mais j’ai juré, lors même que vous répondriez à