Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/221

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mon amour, de ne jamais porter atteinte à la sainteté de vos devoirs, et de ne jamais me présenter chez vous. En restant fidèle, comme je le dois, à ce serment, quels seraient nos torts ? qu’aurions-nous à redouter ? N’êtes-vous pas liée par votre amour comme je le suis par ma parole… parole dont je ne serais délié que le jour où je pourrais aspirer à votre main ?

« Mais à quoi bon entrer dans de pareils détails si mon cœur se trompe… si vous n’êtes pas vous ? Un mot encore… si j’ai deviné juste, je vous le jure sur l’honneur, personne au monde ne m’a rien dit qui pût me faire soupçonner que vous m’écriviez… Cette découverte est un de ces miracles de l’amour, qui ne semblent impossibles qu’aux impies et aux athées.

« L. de M. »

À la lecture de cette lettre, Paula fut pour ainsi dire éblouie. Cette preuve éclatante de divination dans l’amour la confondait et la ravissait à la fois. Ne fallait-il pas aimer immensément pour arriver à ce point de pénétration ?

Madame de Hansfeld croyait avec raison M. de Morville incapable d’un mensonge ; aussi elle se livrait en toute sécurité aux enchantements de cette lettre, qu’elle relut plusieurs fois avec adoration.

Involontairement la princesse ressentit une sorte de frisson à ce passage où M. de Morville disait