Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/226

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soigneusement cacher à tout le monde… Ne m’avez-vous pas cent fois répété que, bien que nous vécussions sous le même toit… j’étais libre de mes actions… Il est vrai que bientôt après vous veniez tout éploré renier vos paroles. Encore une fois, monsieur, tenez, j’ai tort de vous répondre… Je suis sans doute à cette heure, et comme vous, dupe d’une aberration de votre esprit.

— Je suis fou, n’est-ce pas, ainsi que mes bizarreries semblent le faire croire ? Oh ! il n’a pas tenu à vous que ces apparences, dont vous étiez la seule cause, que j’affectais par compassion pour vous (vous ne méritez pas que je vous explique le sens de ces paroles) ; il n’a pas tenu à vous, dis-je, que ces apparences ne devinssent une réalité… Mais je croyais au moins qu’éclairée par ces alternatives de passion et d’horreur…

— D’horreur ! — s’écria la princesse.

— D’horreur — reprit froidement le prince ; — je croyais que vous auriez compris l’énormité de vos forfaits et l’opiniâtreté de ma passion qui leur survivait… Mais non !… pas même cela… Heureusement pour moi, à cette heure la passion est morte ; votre dernier trait l’a tuée… Mais l’horreur survit… l’horreur, entendez-vous bien ?

— Je vous entends, mon Dieu… mais je ne vous comprends pas.

— Mais je vous ai aimée, vous portez mon nom… cet abominable secret restera donc enseveli entre vous et moi. Ainsi donc, partez… au nom du ciel,