Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/32

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— On vante, monsieur, la loyauté de votre caractère, on cite votre parfaite urbanité ; il vous faut donc de sérieux motifs pour afficher à mon égard des procédés si étranges… Je me hâte de vous dire qu’ils m’eussent été très indifférents… sans une circonstance dont je dois vous entretenir…

— Madame, je sais combien ma conduite doit vous paraître bizarre, grossière, pourtant…

Madame de Hansfeld interrompit M. de Morville, avec un sourire amer :

— Encore une fois, monsieur, je ne vous ai pas demandé ce rendez-vous pour me plaindre de votre éloignement… J’ai lieu de croire que votre résolution de m’éviter est dictée par des motifs si graves… que s’ils étaient pénétrés, le repos… la vie peut-être de deux personnes seraient compromis.

Et la princesse jeta un regard perçant sur M. de Morville.

Celui-ci répondit en rougissant :

— Je vous assure, madame, que si vous saviez…

— Je sais, monsieur — dit vivement la princesse — qu’il y a un secret entre vous et moi… Vous avez appris ce secret dans l’intervalle du jour où vous aviez demandé à m’être présenté, et le jour fixé pour cette présentation… de ce moment a daté votre résolution de m’éviter… Vous êtes homme d’honneur… dites-moi si je me trompe… jurez-moi que vous n’avez eu aucun motif de manifester l’éloignement dont je vous parle, jurez-moi que cet éloignement a été causé par le hasard, le caprice…