Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/41

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croisés sur sa poitrine ; sa figure restait impassible.

En parlant de la sorte, en instruisant madame de Hansfeld des circonstances qu’il avait surprises, M. de Morville brûlait ses vaisseaux ; mais il ne devait pas revoir la princesse, il n’eût pas commis sans cela une pareille maladresse.

— Que vous dirai-je, madame ? — reprit-il — je jouissais depuis deux mois du bonheur ineffable de vous voir ainsi chaque jour, lorsque j’appris que vous quittiez la maison voisine de la nôtre pour aller habiter à l’île Saint-Louis l’ancien hôtel Lambert. Alors mon chagrin fut profond… oh ! bien profond !… Peut-être alors seulement je sentis combien je vous aimais, madame…

À ces derniers mots, prononcés par M. de Morville d’une vois émue, madame de Hansfeld redressa vivement la tête ; une légère rougeur colora son pâle visage, elle répondit d’un ton de raillerie glaciale :

— Ce singulier aveu est sans doute indispensable à la révélation du secret que vous avez à m’apprendre, monsieur ?

— Oui, madame…

— Je vous écoute.

— Jusqu’au moment où vous quittâtes la maison voisine de celle de ma mère, je vous avais souvent rencontrée chez quelques personnes de ma connaissance ; je n’avais voulu faire aucune démarche pour avoir l’honneur de vous être présenté. Je trouvais un grand charme au mystère qui entourait