Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/42

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mon amour ; je vous étais absolument inconnu, moi qui vous connaissais si bien, moi témoin invisible de toutes les émotions qui se révélaient sur votre physionomie ; et puis vous parler de banalités au milieu de la contrainte du monde, qu’eût été cela pour moi auprès de mes longues heures de contemplation silencieuse et passionnée ! Mais lorsque votre départ me priva de ce bonheur de chaque jour, je reconnus le prix de ces relations mondaines que j’avais d’abord dédaignées, je résolus de vous être présenté ; vous vous étiez tout récemment liée avec une de mes tantes, madame de Lormoy, qui professe pour vous la plus haute estime. Ainsi que tout le monde, elle ignorait l’heureux hasard qui m’avait rapproché de vous ; je lui demandai de vous être présenté. Malheureusement, le lendemain du jour où elle m’avait promis cette grâce, on me fit une révélation telle… que loin de chercher à me rapprocher de vous, madame, je dus vous fuir… Sans la déplorable santé de ma mère, j’aurais quitté Paris pour éviter toutes les occasions de vous voir et d’aviver ainsi ma funeste passion… oh ! bien funeste ; car si votre indifférence m’accable, votre amour me mettrait au désespoir… Vous me regardez avec surprise… vous ne me comprenez pas ? Eh bien ! sachez-le donc, madame… et pardonnez cette supposition insensée… vous m’aimeriez aussi éperdument que je vous aime, que je serais le plus malheureux des hommes… car je ne pourrais répondre à cet amour inespéré sans porter un coup