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Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/53

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loyer de ses deux chambres, le graveur donna congé à M. de Brévannes pour le terme suivant, et le pria très nettement de cesser ses visites, qui avaient d’ailleurs été très bornées.

M. de Brévannes fut piqué de cet insuccès ; cette résistance inattendue irrita son désir, blessa son orgueil ; son caprice devint de l’amour, du moins il en eut l’ardeur impatiente.

S’étant ménagé quelques entretiens avec mademoiselle Raimond, soit en la suivant dans la rue lorsqu’elle allait donner ses leçons, soit en la rencontrant chez une de ses écolières, M. de Brévannes parvint à nouer une correspondance avec Berthe et fut bientôt aimé d’elle. Il était jeune, il avait de l’esprit et de l’usage, une figure sinon belle, du moins mâle et expressive. Berthe ne résista pas à ces avantages ; mais son amour était aussi chaste que son âme, et les mauvaises espérances de M. de Brévannes furent déçues. En lui avouant naïvement une affection dont elle n’avait pas à rougir, Berthe lui dit qu’il était trop riche pour l’épouser ; il fallait donc rompre des relations vaines pour lui, douloureuses pour elle.

La fin du terme arriva ; Berthe et son père allèrent s’établir dans un des quartiers les plus solitaires de Paris, rue Poultier, île Saint-Louis.

Ce départ blessa de nouveau l’orgueil et le cœur de M. de Brévannes. Il découvrit le lieu de la retraite de la jeune fille, prétexta un voyage de quelques mois, et alla secrètement s’établir à l’île Saint-