Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/54

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Louis, dans un hôtel garni du quai d’Orléans, tout auprès de la rue où demeurait Pierre Raimond.

La première fois que Berthe revit M. de Brévannes, elle trahit par son émotion la constance de ses sentiments pour lui ; elle ne lui cacha rien, ni la joie que lui causait son retour, ni les larmes cruelles et pourtant chéries qu’elle avait versées pendant son absence.

Malgré ces aveux, M. de Brévannes ne fut pas plus heureux ; séductions, ruses, promesses, emportement, désespoir, tout vint échouer devant la vertu de Berthe, vertu simple et forte comme son amour.

Ceux qui connaissent le cœur de l’homme et surtout des hommes orgueilleux et opiniâtres comme M. de Brévannes, comprendront ses ressentiments amers contre cette jeune fille, aussi inflexible dans sa pureté que lui dans sa corruption.

Un homme ne pardonne jamais à une femme d’avoir échappé, par adresse, par instinct ou par vertu, au piège déshonorant qu’il lui tendait.

Il serait impossible de nombrer les imprécations mentales dont M. de Brévannes accablait Berthe ; il alla jusqu’à supposer cette énormité, que, « par ses refus calculés, cette petite fille avait l’audacieuse visée de l’amener un jour à l’épouser. »

Abominable machination, tramée sans doute avec le vieux graveur !

M. de Brévannes haussa les épaules de pitié en songeant à une manœuvre aussi odieuse qu’ab-