Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/60

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railleries assez piquantes pour qualifier son ridicule mariage d’inclination.

M. de Brévannes se trompait : beaucoup de gens, en le voyant épouser une fille belle, vertueuse et pauvre, lui supposèrent un caractère généreux, élevé ; on prôna, on vanta son admirable désintéressement, et il fut absous d’avance de tous les tourments qu’il pourrait faire endurer à une femme pour laquelle il avait tant fait.

Les uns regardaient la conduite de Berthe comme un chef-d’œuvre de ruse et d’habileté ; les autres se moquèrent de M. de Brévannes et de son mariage d’inclination, parce qu’ils se moquaient généralement de tout le monde.

Personne ne soupçonna le véritable motif de ce mariage, et que l’entêtement de M. de Brévannes y avait eu au moins autant de part que son amour…

Dernier trait du caractère de M. de Brévannes.

Depuis quatre ans il était marié. Berthe, plus aimante, plus résignée que jamais, ne lui avait pas donné le moindre sujet de plainte. Quoiqu’il lui eût fait ouvertement des infidélités fréquentes, quelquefois donné des rivales du plus bas étage… la malheureuse femme avait secrètement versé des larmes amères, mais ne s’était jamais plainte.

Malgré cette patience, malgré cette douceur parfaite, M. de Brévannes se livrait quelquefois à d’inconcevables soupçons de jalousie, et cela sous le prétexte le plus frivole.

Cette violente jalousie n’était pas une preuve de