Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/63

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sences prolongées de son mari, quoiqu’elle dût y être habituée, se couchait rarement avant d’être assurée de son retour.

Il est donc quatre heures du matin. Berthe, assise dans un fauteuil, les mains jointes sur ses genoux, regarde machinalement le foyer qui s’éteint ; une lampe, placée auprès d’elle sur une petite table où l’on voit un livre entr’ouvert, éclaire vivement la figure de la jeune femme, et brille doucement sur ses bandeaux de cheveux châtains qui, ne laissant voir que le lobe de sa petite oreille rose, vont se perdre dans la natte épaisse qui se tord derrière sa tête.

Ce qui frappait tout d’abord dans le gracieux visage de Berthe, c’était son expression d’angélique bonté ; lorsqu’elle levait ses grands yeux bleus si beaux et si doux, le charme devenait irrésistible ; sa bouche, un peu sérieuse, semblait plutôt faite pour le sourire bienveillant et affectueux que pour le rire bruyant de gaieté ; son col blanc arrondi, un peu long, se courbait avec une grâce indicible lorsqu’elle penchait sa tête sur son sein.

Berthe portait une robe de soie gris-clair, dont la pâle nuance s’harmonisait à merveille avec la délicate blancheur de son teint ; d’un côté de la cheminée on voyait un piano ouvert et chargé de musique ; au-dessus, deux portraits de grandeur inégale représentaient la mère et le père de Berthe. Un grand nombre de modestes cadres de bois noir, renfermant des gravures en taille-douce qui