Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/64

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formaient l’œuvre de Pierre Raimond, ornaient ce petit salon tendu de papier rouge velouté, et lui donnaient une apparence très différente du reste de l’habitation ; enfin, sur la cheminée, on voyait une vieille pendule de marqueterie et deux petits flambeaux blancs et bleus, en émail de Limoges, qui avaient appartenu à la mère de Berthe, et avaient été le cadeau de noce du graveur.

Une larme longtemps suspendue au bout des longs cils de la jeune femme roula sur sa joue comme une goutte de rosée ; son sein se souleva à plusieurs reprises, elle tressaillit… Une rougeur subite colora son front, puis Berthe retomba dans sa morne apathie.

En deux mots nous dirons la cause de la tristesse et de l’abattement de Berthe.

Pendant son dernier séjour en Lorraine, M. de Brévannes avait accordé une protection très particulière à une des femmes de Berthe. L’insolence de cette fille ouvrit les yeux de madame de Brévannes, ou du moins lui donna des soupçons assez violents pour exiger le départ de cette créature.

Cette scène cruelle s’était passée quelques jours avant le retour de M. de Brévannes à Paris, et avait laissé un douloureux ressentiment dans le cœur de Berthe. Elle avait jusqu’alors souvent souffert des infidélités de son mari, mais elle n’avait jamais subi une humiliation pareille.

Quatre heures du matin sonnèrent ; absorbée dans une profonde rêverie, madame de Brévannes