Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ceci est trop subtil pour moi. Je vais être plus clair, et vous révéler à vous-même ce que vous pensez et ce que vous n’osez dire… Au lieu d’avoir recours à toutes ces circonlocutions hypocrites, pourquoi ne pas avouer franchement que vous êtes jalouse ?

— Mon ami, ne parlons pas de cela, je vous en prie.

— Et pourquoi donc ? je trouve, moi, qu’il est au contraire excellent de poser nettement notre position… Que j’aie ou non des maîtresses, voilà le grand mot lâché… c’est ce que vous devez complètement ignorer ou feindre d’ignorer… Telle est la conduite que doit tenir une femme de bon sens, au lieu de passer sa vie dans les ennuis de la jalousie.

— Charles… franchement… est-ce bien à vous à dire qu’on peut raisonner… vaincre la jalousie, si peu fondée qu’elle soit, ou si indignes qu’en soient les objets ?

— Fort bien, madame, vous me reprochez d’être jaloux.

— Je ne vous en fais pas un reproche, mon ami… Je suis indulgente pour ce sentiment, dont j’ai éprouvé toutes les angoisses.

— Vous vous trompez complétement, madame, si vous nous croyez dans une position pareille à cet égard… Que j’aie ou non des maîtresses, votre considération n’en sera nullement altérée ; mais moi qui ai tout sacrifié pour