Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/73

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lement… il n’est pas généreux à vous, qui m’avez donné tant de fois des sujets de plaintes et de chagrin, de m’accuser, et de me traiter avec ce mépris à propos d’un soupçon insensé.

— Voilà, pardieu ! un nouveau langage.

— Charles, je me lasse de subir en silence d’injustes reproches, tandis que je pourrais moi-même vous en adresser de malheureusement trop fondés.

— De mieux en mieux…

— Vous dites, Charles, que je dois fermer les yeux sur votre conduite ; je l’ai toujours fait ; est-ce de ma faute si le bruit de vos aventures est venu jusqu’à moi, à moi qui vis seule loin du monde ?… N’est-ce pas encore le bruit public et les insolences de la misérable créature que j’ai chassée de chez moi il y a huit jours qui…

— Madame, pas un mot de plus.

— Pardonnez-moi, Charles, je parlerai ; je ne veux pas abuser de la position que mon dévoûment à mes devoirs m’a faite ; mais je veux que vous la respectiez… Je consens à fermer les yeux sur des erreurs si basses, qu’elles ne méritent pas même mon indignation… mais je ne souffrirai pas que vous m’écrasiez injustement…

— Sur ma parole, madame, votre audace me confond. Et vous voulez, sans doute, me faire entendre que quatre ans de fidélité et de respect pour vos devoirs vous ont acquittée envers moi, et que vous êtes maintenant libre d’agir comme bon vous semblera ? Mais c’est incroyable ! mais vous oubliez