Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Encore une fois, cela n’est pas répondre, madame.

— Mais que voulez-vous que je vous réponde ?

— Prenez garde ! s’écria M. de Brévannes hors de lui. Ne me croyez pas assez sot pour être dupe de votre hypocrisie… J’ai vu ce que j’ai vu ; je ne suis pas aveugle. Quelle est la personne qui habite en face ?

— Mais, Charles, je n’en sais rien ; nous sommes arrivés depuis hier matin.

M. de Brévannes interrompit sa femme, se frappa le front et s’écria :

— C’est cela… je me le rappelle maintenant… une voiture de poste est arrivée peu de temps après nous et est entrée dans cette maison ; on nous suivait… peut-être même en Lorraine… Oh ! j’en suis sûr, il y a là-dessous quelque indigne mystère… mais je le découvrirai… malheureuse que vous êtes !

Cette injure, cette dureté, ce reproche, si peu mérités, touchèrent Berthe jusqu’au vif. Malgré sa douceur, malgré sa résignation habituelle, sa dignité, sa conscience se révoltèrent ; elle dit d’un ton ferme à son mari :

— Vous avez tort de me parler de la sorte, Charles ; vous pourriez pousser ma patience à bout, et me faire dire des choses… que, pour votre propre dignité, je voudrais taire.

— Des menaces…

— Ce ne sont point des menaces, Charles, seu-